Un pas devant l’autre, la cadence de ma démarche battait au rythme de la voix d’Angela Grimer qui s’époumonait dans mes oreilles. Son souffle si régulier, sa voix vive, claire mais douce est un délice pour les amateurs de musique tel que moi. Un vent doux me caressait les cheveux, nous sommes en pleins moi de Juin. Je viens de boucler mon dernier article et mes valises pour partir rejoindre ma sœur à Bridgeport pour des vacances d’une semaine.

Je m’apprête à rejoindre la gare maritime quand un chauffard me coupe la route alors que le feu était vert, je ne m’énerve pas, c’est les vacances, il n’en vaut pas la peine. J’étais tellement impatiente de revoir Jessie, depuis que nous avions passé Noël dernier ensemble, nous n’avions pu nous revoir, faute de travail et de temps. C’est un modèle pour moi, elle est belle, est journaliste reconnue, je suis moi-même sur ses traces, à un fiancé et une petite-fille parfaits, la vie rêvée, tout simplement.

La nuit était douce, les portes vitrées de la gare maritime de Sunset Valley s’ouvrent dans un parfait crissement et laisse place à une somptueuse entrée. Des odeurs tout aussi succulentes les unes que les autres entrent dans mes narines. Je regardais par la fenêtre, la nuit est somptueuse ici.

Un homme en costume militaire était assis en train de regarder des photos, sûrement celles de ses enfants,

à l’autre bout, une jeune femme, sûrement une infirmière vu sa tenue et l’homme à côté d’elle devait sûrement être médecin,

à côté d’eux se tenait un jeune homme quelque peu extravagant avec un carnet de dessin entre les mains.

Ma conscience me laissait croire que la femme deux places à côté de moi est africaine, c’est une jeune femme très belle.

« Les passagers pour la traversée Sunset-Valley-Bridgeport sont prié d’embarquer. »

Curieusement, nous nous dirigions tous vers la porte d’embarquement.

L’hôtesse d’accueil avait apparemment tout son temps vu la lenteur à laquelle elle prenait les tickets. Nous embarquons, ça y est.

Une fois sur le ferry, le personnel de bord indiquait à chaque personne sa cabine ainsi que le restaurant.

Je fermais la porte de ma cabine et me jetais sur le lit.

Le matelas moelleux comme un nuage me faisait le plus grand bien et s’en m’en apercevoir, je m’assoupissais. A mon réveil, l’heure du dîner était passée, heureusement, le bar est toujours ouvert. Je fermais la porte de ma cabine à double-tour et me rendais à grand pas sur le pont. Un panneau indiquais le bar, je poussais la porte et prenais place sur un somptueux tabouret de velours rouge.

J’humais et délectais ce mélange à base de plante que le serveur m’avait concocté, cela sentait rudement bon. Une fois la tasse terminée, je retournais en cabine.

Dehors, le vent soufflait terriblement fort. Du petit hublot de ma cabine, je pouvais apercevoir les vagues gigantesques forçant le bateau à tanguer de droite à gauche dans une cadence infernale. Quelques marins avaient beau hurler qu'à ce rythme, l’embarcation ne tiendrait pas longtemps, le capitaine ne semblait pas vouloir couper les moteurs et encore moins faire demi-tour.

Un tas d'idées me traversèrent la tête. Si ma vie prenait fin ici et maintenant ? Non...je devais chasser ces idées noires et rester optimiste, en toute situation. La tempête faisait rage depuis plusieurs heures maintenant. Les cris des passagers avaient laissé place à un calme seulement ponctué par le son du régulier fracassement des vagues sur la proue du bateau. Puis soudainement, le noir complet.

Mes yeux ont du mal à s'ouvrir... Je frissonne. Mon corps est engourdi... Que s'est-il passé ? Mes vêtements mouillés et cette chaleur écrasante finirent par me tirer du sommeil profond dans lequel je me trouvais.

En me relevant, un paysage paradisiaque s'offre à moi. Du sable fin et des palmiers à perte de vue. Mais où suis-je ? Je m’assois et sens sur mon visage les blessures qui me tiraillent.

_ Est-ce que ça va ? Pose une petite voix. Je tourne la tête en grimaçant légèrement, la jeune africaine sourit en constatant que tout va bien.

_Où sommes-nous ?

_Le bateau que nous avons pris a fait naufrage mademoiselle.

_ Je t’en prie, tutoies-moi, après tout, nous sommes seules sur une île déserte non ? M’exclamais-je.

_ Non, nous ne sommes pas seules.

Sortirent des buissons le militaire, l’infirmière, le médecin et l’artiste. Au loin pas un bateau, pas une vague, le noir complet. Une chose demeure certaine, nous avons survécus au naufrage de l'embarcation et nous sommes perdus au beau milieu de nulle part.

Chapitre 1 : Le bonheur n'arrive jamais seul

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